La kératoconjonctivite de l’enfant

Zoom sur la kératoconjonctivite allergique de l’enfant

La kératoconjonctivite concerne le plus souvent les enfants mais pas seulement. Nous avons demandé au Pr Dominique BREMOND-GIGNAC, Chef du service d’Ophtalmologie de l’Hôpital Universitaire Necker Enfants-Malades à Paris de nous en dire plus sur les multiples formes de kératoconjonctivite.

LES POINTS-CLES :

Certes l’allergie peut toucher la peau… mais aussi les yeux ! Mais quel est le lien entre l’eczéma et la kératite ?

L’œil est un organe exposé à l’air. Sa surface en contact avec l’air extérieur, appelée « surface oculaire », comprend la conjonctive (blanc de l’œil) et la cornée (hublot transparent central de l’œil) recouvertes par les larmes, appelées aussi « film lacrymal ».

En pratique, les enfants et les adultes peuvent présenter un œil rouge dû à une allergie. Il s’agit alors d’une conjonctivite allergique. Celle- ci s’accompagne de démangeaisons oculaires, de larmoiements et parfois de sécrétions de l’œil. Dans la plupart des cas, la conjonctivite est une atteinte assez modérée de l’œil. Par contre, cette conjonctivite peut s’aggraver et se transformer en kératite. Il s’agit alors d’une abrasion de la surface de la cornée due à l’allergie oculaire.

La kératite donne alors des signes plus sévères. Elle peut s’accompagner, au-delà des signes de la conjonctivite classique, d’un éblouissement à la lumière, de douleurs oculaires et de baisse de la vue. Initialement, le diagnostic n’est pas toujours simple à réaliser. Les signes d’allergie oculaire peuvent être saisonniers ou per-annuels en fonction de l’allergène responsable. Par exemple, les allergies aux pollens sont saisonnières et les allergies aux acariens sont perannuelles.

Kératoconjonctivite vernale ou atopique

Chez l’enfant, il existe deux formes de kératoconjonctivite vernale ou atopique. Ces deux formes peuvent être plus ou moins graves. Elles nécessitent dans tous les cas un suivi régulier par un ophtalmologiste. La kératoconjonctivite vernale survient en général chez les enfants de 4 à 15 ans, et disparait le plus souvent à l’adolescence. Il existe plusieurs formes de cette kératoconjonctivite vernale.

Elle peut prédominer sur les paupières, soit sur le pourtour de la cornée avec un amas de cellules, typiques de l’allergie, que sont les « éosinophiles ». Les enfants peuvent être très gênés, jusqu’à une déscolarisation. Le traitement est alors essentiel et contrôlé par l’ophtalmologiste pour éviter au plus l’emploi des corticoïdes en collyre et en général associant de la Ciclosporine en collyre dans les formes graves.

La deuxième forme est la kératoconjonctivite atopique qui présente les mêmes signes cliniques mais qui s’accompagne d’atteintes allergiques de la peau semblable à la dermatite atopique et à l’eczéma des paupières. Le traitement est assez similaire. Dans les formes graves, il est possible d’avoir recours à une association des collyres avec un traitement antiallergique par voie orale. Pour la forme avec dermatite atopique la prescription de Tacrolimus en pommade par les dermatologues, peut être très utile.

Chez l’adulte, la kératoconjonctivite atopique est la forme la plus courante dont l’atteinte peut être de légère à sévère. Les traitements font appel aux collyres antiallergiques, aux traitements antiallergiques par voie orale et aux pommades hydratantes et/ou au Tacrolimus. Une prise en charge et un suivi ophtalmologique régulier sont essentiels pour éviter des complications.